Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

Recherche

28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 22:49

Alors que le débat est lancé sur la question de l’emploi dans les centres d’appels, l’exemple du site de Guyancourt du leader des centres externalisés, Teleperformance, illustre bien la question.

En raison d’un accroissement d’activité sur le site de Paris, Teleperformance a annoncé fin juillet sa volonté d’affecter autoritairement une trentaine de salariés (majoritairement des téléconseillers, mais également des formateurs ou des superviseurs) de Guyancourt à Paris.

L’entreprise profite de l’été pour faire ces annonces : de nombreux agents sont en congé, et une réunion du CHSCT a été convoquée pour le 30 août, en présence d’une seule élue ! Ceci est une parodie de consultation des représentants du personnel, pour faire passer de force un projet mal ficelé et absurde, tant humainement qu’économiquement!
On comprend Teleperformance : même assortie d’une prime de 3000 euros (soit près de 3 mois de salaires, ce qui n’est pas rien dans une entreprise où aucune augmentation générale n’a eu lieu depuis 5 ans), les postes proposés au volontariat en juin n’ont rencontré qu’une réponse positive !

Le projet est un non sens économique : il y a des activités à Guyancourt, et le départ de salariés du site (sans embauche pour les remplacer) amènerait à reporter la charge de travail sur les salariés restants, formés à la va-vite, probablement obligés de traiter plusieurs activités en même temps… A Paris, ce sont des salariés affectés contre leur choix à une activité de recouvrement, sur un site nouveau pour eux, qui devraient se former à une nouvelle activité.
Le projet serait désastreux humainement : éloignement domicile-trajet, allongement du temps de parcours (voire selon les horaires impossibilité à aller ou rentrer du travail en transports en commun), augmentation des coûts (transport, garde d’enfant…) ; mais aussi destruction des collectifs de travail, non reconnaissance du travail effectué, changement de lieu et d’activité forcément perturbant et même générateur de risques socio-organisationnels vu la précipitation et l’absence d’accompagnement du projet…

Il va sans dire que la CGT est résolument opposée à ce projet, qui montre bien aujourd’hui que la question dans les centres d’appels n’est pas de « délocaliser-relocaliser », c'est-à-dire prendre l’activité à un endroit pour la mettre ailleurs, mais bien de répartir l’activité et d’embaucher.
Face à un surcroît d’activité, puiser dans les effectifs existants, c’est bien augmenter la productivité, au détriment des conditions de vie et de travail des salariés, et de la qualité pour les usagers.

Les entreprises choisissent la localisation de leurs sites et activités en fonction des profits qu’elles espèrent en retirer : incitation fiscale, aides publiques à l’implantation dans des bassins « sinistrés », primes à « l’embauche » (car elle est rare au-delà de la période subventionnée) de chômeurs, usage abusif de l’intérim rarement sanctionné malgré les dossiers des inspections du travail… Finalement, ça ne coûte pas tellement plus cher en France qu’ailleurs…
Il n’est pas innocent que le gouvernement parle aujourd’hui de « relocaliser » les activités traitées au Maghreb, justement quand les luttes se multiplient et se renforcent dans ces pays, tandis qu’en France, la loi Warsmann offre l’occasion d’appliquer l’annualisation du temps de travail sans le consentement des salariés comme Transcom le tente en ce moment.

Le site de Guyancourt regroupe les rescapés des multiples délocalisations d’activités et de salariés en Ile de France. Les 120 salariés du site ont travaillé à Montreuil, Paris, Montigny, au Kremlin Bicêtre, … Chaque « déménagement » conduisant des salariés à refuser la « mobilité » et à être licenciés en dehors des quelques garanties d’un PSE lié à une restructuration ou des suppressions d’emploi pour motif économique.
Une enquête menée par la section CGT Fapt 78 du site a montré que plus de 90% des salariés ont connu au moins un changement de site, donc d’organisation du travail. Les salariés du site de Guyancourt résident dans 10 départements différents, mais 55,56% sont du 78. Environ le tiers des salariés ont moins d’une heure de transport par jour, mais 64,86% ont un temps de trajet supérieur, dont 29,73% entre 2 et 4h par jour !!

Partager cet article
Repost0

commentaires