Edition spéciale 8 mars 2011 de Ras le Casque, bulletin d'information des centres d'appel CGT-Fapt
Inégalités salariales
Si les obligations de négociations et de résultats en matière d’égalité salariale ont permis dans de nombreuses entreprises de gagner des mesures spécifiques pour les femmes, on est encore loin de l’égalité.
En effet, l’écart moyen de salaire entre les femmes et les hommes est de 27%.
De la même manière, l’accès à des postes à responsabilités et donc le déroulement de carrière des femmes est plus limité. Une étude de l’Insee montre que si les écarts se creusent en fonction du nombre d’enfants, les différences existent même en l’absence d’enfant.
Ainsi les thèses patronales soupçonnent toute femme de devenir « indisponible » pour l’entreprise dès lors qu’elle est susceptible d’avoir des enfants, quand les pères sont eux, considérés comme des éléments plus fiables car « responsabilisés » par leur charge familiale : quel archaïsme !
Le secteur des centres d’appel, où la main d’œuvre est majoritairement féminine, n’échappe ni aux inégalités de salaire ni à la baisse du pourcentage de femmes dans les postes à responsabilité.
Quand les choix n’en sont pas.
Le temps partiel est une réalité bien connue dans les centres d’appels.
Et même dans les entreprises qui se targuent de ne pas l’imposer, celui-ci relève en fait d’un non choix. 80% des salariés à temps partiel sont des femmes !
En effet, l’amplitude d’ouverture des services, les horaires étendues et variables, le travail du soir, de nuit, du week-end, des jours fériés etc. rendent impossible tout équilibre entre vie privée et vie professionnelle.
Ainsi nombres de salariés et en particulier des femmes se voient contraints à demander un temps partiel pour pouvoir mieux « jongler » entre travail et famille !
Temps partiel, congé parental etc. : le soit disant choix est en réalité le résultat de la pesée du « coût » du travail sur le budget familial !
La pauvreté touche plus les femmes que les hommes.
Salaires plus faibles, temps de travail réduit, interruptions de carrière etc., le revenu des femmes est plus faible pendant la vie active… et pire encore à la retraite compte tenu de l’exploit que représentent 40 années de cotisations dans de telles conditions!
Les femmes représentent ainsi 80% des personnes vivant sous le seuil de pauvreté !
Egalité professionnelle : négociations et résultats obligatoires
La loi du 9 mai 2001 a permis de rendre obligatoire la négociation sur l’égalité et l’accord interprofessionnel de 2004 constitue un ressource supplémentaire pour porter les revendications.
L’égalité hommes-femmes fait désormais partie des négociations annuelles obligatoires dans chaque entreprise.
Accès à l’emploi, formation, promotion, conditions de travail, équilibre vie privée–vie professionnelle etc. Ces questions doivent trouver des réponses concrètes, pas des bonnes intentions pour des effets d’annonce.
Exigeons partout l’ouverture de négociations
Exigeons des accords à la hauteur des attentes du personnel
en matière d’égalité réelle !
C’est la place des femmes dans toute la société dont il est question !
Si toutes ces inégalités au travail existent, c’est aussi par le poids de préjugés dans la vie quotidienne, de stéréotypes sexistes à tous les niveaux de la société.
La parentalité doit se conjuguer aussi au masculin !
Si l’insuffisance des aides et structures d’accueil pour la petite enfance et les attaques contre l’éducation nationale sont l’affaire de tous, les conséquences sont plus fortement supportées par les femmes.
Seuls 2% des congés parentaux sont pris par les pères, les tâches parentales et domestiques sont encore trop l’affaire des femmes qui continuent d’effectuer 80% des tâches ménagères et 70% de celles liées à la famille ! Elles bénéficient ainsi en moyenne d’1 à 2h de temps libre quotidien de moins que les hommes, quand elles ne sont pas seules à assumer les enfants !
Défendre les droits fondamentaux des femmes
Outre les inégalités qui persistent, les droits des femmes sont insuffisamment défendus et appliqués dans les diverses institutions et même attaqués directement par des choix gouvernementaux.
Nous devons lutter contre toutes les formes de violence faites aux femmes et défendre le droit à une contraception gratuite et l’accès à l’interruption volontaire de grossesse, qui ne sont pas respectés !
L’égalité au travail se gagnera aussi par l’égalité dans la vie quotidienne !
La CGT propose :
- une réelle mixité des filières de formation initiale et égalité d’accès à la formation continue pour toutes les catégories professionnelles. L’école doit jouer un rôle dans la lutte contre les stéréotypes sexuels ;
- l’égalité d’accès à la formation continue qualifiante pour toutes les catégories professionnelles ;
- une réelle mixité des métiers pour les femmes et pour les hommes ;
- l’interdiction du temps partiel imposé et de toute forme de précarité des femmes ;
- assurer un déroulement de carrière pour toutes les femmes et leur accès aux postes à responsabilité ;
- l’application effective du principe « à travail de valeur égale, salaire égal » par la reconnaissance des qualifications des femmes ; par un vrai partage des temps sociaux : vie professionnelle, familiale et sociale ; par le droit pour toutes les femmes de bénéficier de conditions de travail dans un environnement qui respecte leur santé ; par le droit à un environnement de travail sans pression sexiste, sans harcèlement et sans violences sexuelle ; par une organisation du travail qui ne repose plus sur une division sexuée du travail.